Les grandes douleurs sont muettes. C’est dans le cœur déchiré que transpire l’amertume. On se tait parce qu’on n’est plus libre de parler. On pleure parce que la douleur ronge. Le flot de nos larmes n’empêche pas les vagues de nous submerger et nos remparts brisés construisent silencieusement les amas de nos tombés luxueuses. Plus de trois décennies à se demander si notre terre est maudite, pourtant nous spirituels la disent bénie. C’est vrai que le paradis de nos bordures sableuses pourrait laisser croire que nous y vivons un conte de fées, mais la grande réalité est que nous sommes emprisonnés aux mains de nos élites enivrées par la captation du pouvoir. Ce sont les abeilles qui produisent le miel avec une alchimie parfaite de la nature, mais le miel attire les mouches. Ce que ne comprendrait pas un fils du territoire d’ailleurs, c’est qu’on ne peut pas hériter d’une terre de paix et en faire un champ de guerre. C’est utopique, mais attention ! C’est hautement mystique. Des intérêts stratégiques fondent cette réalité empirique. Quand le vaste Congo ne dort plus pour ses lingots et que ses caveaux débordent de diamants saignants, on peut comprendre pourquoi ce si beau pays aux trompes d’éléphants est depuis plus de trente ans, dans un grand sable mouvant.
Ses enfants s’abritent aux vents des discours clivants à chaque nouvel avènement du grand jeu gagnant. Il s’enfonce dans le doute, la peur, les pleurs et finit en pleurs. On compte nos morts depuis tout ce temps et on efface nos souvenirs. Les mêmes acteurs, la même histoire et finalement la même réalité. A quelques heures de la grande course, les acteurs empruntent le même chemin qui nous a conduit dans la direction du sable mouvant. Ils refusent de faire le grand mouvement pour nous conduire sur le chemin de la paix. Et nous sommes observateurs silencieux de ce nouveau drame qui se prépare sous nos cieux. Ceux qui ont préparé la grande dictée et qui savent nous dicter, n’ont pas encore édité leurs résolutions balafons. Ils nous diront que c’était une crise interne dont ils ne voulaient pas se mêler. Rebelote ! Nous ramasserons ce qui restera des pièces du beau château détruit. Ceux qui auront encore le souffle vivant s’emploieront des décennies à se sortir du grand sable mouvant. Eternel recommencement !
A bon Lecteur Salut !
CASUS